Trois chercheuses
canadiennes* se sont penchées sur le travail du personnel de service dans les
restaurants. Elles portent un regard inhabituel sur une réalité bien connue des
professionnels.
Des serveuses et serveurs ont été observés durant plus de
30 heures dans des restaurants « familiaux ». Trois défis sont mis en
évidence dans le travail des personnels en contact.
Le premier défi est physique : posture debout,
déplacements nombreux, rapidité d’exécution, transport répété de charges
lourdes. D’où des risques de chutes et de douleurs au niveau du dos et des
membres inférieurs. Les employés doivent cependant donner l’impression d’accomplir
leur travail avec aisance.
Le défi cognitif (relatif aux connaissances) est bien résumé
par une des personnes interrogées : « Pour être serveuse, tu dois
avoir toute ta tête ». Elles doivent mémoriser des informations
nombreuses, servir plusieurs clients simultanément, être souvent interrompues
dans leur tâche et organiser des opérations dans le temps sans en oublier
aucune au risque de mécontenter un client.
Le troisième défi est émotionnel. Les serveuses et les serveurs
doivent créer pour les clients une atmosphère conviviale. Ils jouent le rôle de
tampon entre la cuisine et le client, en cas de retard par exemple. Ils doivent
se montrer chaleureux tout en se faisant respecter et en gérant le mépris et le
harcèlement de quelques clients.
Des tactiques pour faire face
Globalement les personnes interrogées regrettent que les
efforts qu’elles consentent soient peu reconnus par les clients. La
rémunération et la reconnaissance de leurs compétences ne leur semblent pas
suffisantes compte tenu de leur implication.
Les employés de service découvrent les tactiques pour faire
face aux trois défis en observant leurs collègues. C’est aussi à l’usage qu’ils
apprennent à gérer ces défis afin de garder un équilibre entre leur
productivité et leur santé physique et mentale.
*Laperrière Ève, Messing Karen, Bourbonnais Renée. « Pour
être serveuse, tu dois avoir toute ta tête » : efforts et
reconnaissance dans le service de table au Québec. Travailler, 2010/1, n° 23, p. 27–57.
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